L'élixir d'amour universel

Paysan Parfumeur, parfums 100% naturels avec des préparations de phytothérapie et l'élixir d'amour universel

Comme une réponse à l'impossible possible, voilà maintenant l'élixir au centre dans l'atelier. Il trône dans sa fiole de verre au long col scellée par un bouchon de liège. Une goutte de son philtre d'amour universel sera versé dans chacune de nos compositions parfumées pour créer l'élan, le lien vital avec la nature, et nous sortir de notre ethnocentrisme d'humain où nous sommes enfermés.

 

Un peu fous et idéalistes, avec l'enthousiasme des novices, nous nous sommes alors attelés à la fabrication bien concrète d'un élixir d'amour universel. Une pierre magique, alchimique qui allait nous transformer comme elle transformerait celles et ceux qu'elle toucherait. En dissolvant les parties du tout, un peu de chacun des règnes minéral, végétal, animal et humain, l'élixir ferait le lien entre toutes les dualités, un lien d'amour universel, qui scelle entre elles les particules de l'univers. 

À nous d'élaborer une médecine du monde qui avec une seule goutte de sa puissance amorcera comme un éclair, la direction à prendre vers le chemin de la reconnection de nos humanité au reste du monde. Une médecine qualifiée par les hurluberlus, personne ne serait obligé à en prendre, et qui aurait pour ambition, rien de moins, que l'union sacrée des dualités, du jour et de la nuit, de la Lune et du Soleil, de la Reine et du Roi et du haut et du bas.

C'est avec une certaine excitation, sans véritablement en connaître le chemin, que nous nous sommes lancés dans l'élaboration dans ce que les alchimistes appellent l'œuvre au rouge, la pierre des philosophes. La recette tient en une phrase, nous l'avons trouvée dans les vieux livres :  À l'heure venue, visite l'intérieur de la terre, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée, la vraie médecine. Un peu abscons, comme souvent les écrits alchimiques, nous y avons retenu qu'il fallait aller percer les secrets de la matière pour y trouver une lumière, un philtre d'amour qui sera médecine universelle. 

Bien consciencieusement, nous nous sommes préparés à l'événement. Chacun de notre côté, nous avons pris une part de matière minérale en allant ramasser toute sortes de cailloux. Des galets en bord de mer, des calcites et des marnes schisteuses dans la terre que nous cultivions, puis nous les avons associés au quartz finement broyé. Nous avons pillé l'ensemble au mortier, puis nous l'avons fait cuir au four, notre poêle à bois devenu pour l'occasion l'athanor des alchimistes. Après la calcination de ces poudres minérales, nous les avons broyées à nouveau, avant de les laver au vinaigre d'alcool et finalement à l'hydrolat de romarin pour en extraire un sel transparent. 

Toujours chacun de notre côté, dans une seconde étape, nous y avons ajouté une part de la matière végétale. J'ai fais couler l'huile d'olive dans une coupelle et à l'intuition olfactive, j'y ai ajouté le baume de copahu, les huiles essentielles de pin, de vétiver, de patchouli, de romarin, de tulsi, de laurier noble, de menthe, de sauge unissant la formule par une goutte de rose.

Puis à l'alambic de verre, le soxhlet qui extrait l'esprit du végétal par l'alcool, j'ai passé à la distillation d'autres plantes qui poussaient çà et là, l'hellébore, l'eucalyptus, la rue, le laurier, le genévrier, la vigne, la lavande et un rameau de gui trouvé sur le pin. Léa a choisi la rose et l’hélichryse qu’elle a distillée au contact de cristaux de quartz rose. 

Finalement nous avons réuni nos potions respectives élaborées de chaque côté du féminin au  masculin. Nous les avons fait circuler ensemble dans la cornue pour l'évacuation des premières vapeurs, avant de les exposer un jour entier, de la pleine lune au plein soleil. 

Nous avons laissé reposer jusqu'à la nouvelle lune dans la grotte, creusé à l'adret de la montagne. Les alchimistes disent que le remède couve dans le compost de la terre, comme l'enfant dans le ventre de sa mère. 

Lors d'une cérémonie un peu solennelle, nous avons retiré la cornue de sa grotte. De ce séjour, elle s'était drapée d'un beau rubis rouge. Cette Pierre Végétale nous allions en mettre une goutte dans chacun de nos parfums pour donner à leur matière les intentions porteuses, celle d'un sel qui allait faire lien entre toute chose en distillant l'amour universel.

Comme une réponse à l'impossible possible, voilà maintenant l'élixir au centre dans l'atelier. Il trône dans sa fiole de verre au long col scellée par un bouchon de liège. Une goutte de son philtre d'amour universel sera versé dans chacune de nos compositions parfumées pour créer l'élan, le lien vital avec la nature, et nous sortir de notre ethnocentrisme d'humain où nous sommes enfermés.

 

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